Le congrès de Versailles
Le 3 juillet 2017 le Président de la République, Emmanuel Macron, a prononcé un discours devant le Congrès . J'ai siégé à cette séance solennelle réunissant les deux chambres à Versailles (Sénat et Assemblée nationale) Elle pourrait devenir un rite annuel.
Dans l'esprit de la Vème République, le Président a tenu à réserver au Parlement sa première grande adresse politique. À l'image des grands chefs d'Etat comme le Général De Gaulle ou François Mitterrand, il exprime ainsi son respect et sa considération pour la représentation nationale et son attachement à la séparation des pouvoirs telle que nous l'enseignée Montesquieu dans l'Esprit des Lois.
Magnifique discours du Président de la République à la fois pragmatique, humaniste et d'une rare épaisseur philosophique, dans l'esprit des Lumières pour donner le cap du quinquennat. " L'action politique n'a de sens que si elle est précisément accomplie au nom d'une certaine idée de l'homme, de son destin, de sa valeur indépassable et de sa grandeur" « La fin du déni de réalité qui conduit à négliger le quotidien des Français tout en nourrissant des oppositions caricaturales » ;« La fin du soupçon », avec l’adoption de la loi sur la confiance dans la vie politique après laquelle il faudra en cesser avec l'acharnement de la suspicion et de l’accusation sans preuve.
Le Président a présenté les réformes institutionnelles qui seront mises en chantier par le moyen d’un référendum si nécessaire :- Légifèrer mieux, moins, au plus près des besoins de la société; - Réduction d’un tiers du nombre de parlementaires ;- Limitation du cumul des mandats dans le temps ;- Introduction d’une dose de proportionnelle au Parlement ;- Accélération de la procédure législative ;- Parachèvement de l’indépendance de la justice ;- Réforme du Conseil Economique Social et Environnemental ;- Révision du droit de pétition pour que l’expression directe des Français soit mieux prise en compte ;- Suppression de la Cour de Justice de la République
Les valeurs de la République guideront son action tout au long du quinquennat :
La liberté, car l’objectif de toutes les politiques publiques est l’autonomie de tous, chacun doit pouvoir choisir sa vie, et non pas la subir. Ce principe de liberté forte entraînera par exemple la levée de l’état d’urgence à l’automne, faisant place à une loi de sécurité qui permettra de ne pas baisser la garde face aux terroristes, mais dans le respect rigoureux des exigences constitutionnelles.
La fraternité : le Président s'est exprimé avec une grande humanité sur « la part maudite de notre société, qui dit tant de ce que nous sommes [les sdf, les chômeurs, les migrants, les personnes handicapées, etc.]. Le regard que la société jette sur eux est bien le même : c’est, en vérité, une absence de regard. Nous passons sans les voir. Nous refusons même jusqu’au témoignage de leur fragilité. Je voudrais le dire avec force : cela n’est pas digne de nous. Cette France nouvelle que nous voulons faire advenir, elle est la leur autant que la nôtre ».
La confiance en la France : " La vocation de la France, sa fidélité à son histoire est de savoir construire la paix et promouvoir la dignité des personnes " : « Faire de notre pays le centre d’un nouveau projet humaniste pour le monde. Le lieu où se concevra et se créera une société qui retrouve ses équilibres : la production et la distribution plutôt que l’accumulation, l’alimentation saine et durable, la finance équitable, le numérique au service de l’homme, la fin de l’exploitation des énergies fossiles et la réduction des émissions » ;La construction de la paix : d’abord « défendre la sécurité, l’égalité, les libertés, le climat, tout ce qui constitue notre bien commun universel et qui chaque fois est remis en cause » Nous devons retrouver le souffle premier de l’engagement européen. Cette certitude où furent les visionnaires des siècles passés et les pères fondateurs de l’Europe, que la plus belle part de nos histoires, de nos cultures s’exprimerait justement, non dans la rivalité, encore moins dans la guerre, mais dans l’union des forces. Non dans l’hégémonie de l’un ou l’autre, mais dans un équilibre respectueux qui nous fera toutes et tous réussir."
En conclusion, le Président de la République a donné le sens du quinquennat : " Le peuple français ne nous demande pas seulement de l’efficacité. L’efficacité c’est un instrument ! Et puis on peut être tout à fait efficace au service d’une mauvaise cause. Non, il nous demande ce que la philosophe Simone WEIL appelait l’effectivité. C’est-à-dire l’application concrète, tangible, visible des principes qui nous guident. Le refus d’être pris en défaut, et de clamer des principes dont nous ne poursuivons pas sans relâche l’application.Le principe d’effectivité, c’est pour vous, pour moi, pour le gouvernement, de ne jamais cesser de se demander si nous sommes en pratique fidèles à nos principes, c’est-à-dire d’abord à la liberté, l’égalité, la fraternité.Ce que nous avons à accomplir, c’est une véritable révolution. Nous sommes ici, vous comme moi, pour changer cet ordre des choses".